Le film
Court métrage soumis dans le cadre du concours « Phénoménales » porté par l’association Femmes et Cinéma.
Le film traite de la place des femmes dans les métiers de la science et des technologies, pourquoi elles sont si peu nombreuses et quels sont les freins. Il est dirigé pour les jeunes femmes afin de leur donner un modèle. Le film est la démonstration d’une situation qui pourrait être réelle et à laquelle beaucoup de jeunes (femmes ou hommes) peuvent s’identifier. Il est destiné à être une source de motivation.
Note d’intention
En tant que femme ingénieure, je me suis demandé quels étaient les phénomènes qui empêchaient les jeunes filles de se lancer dans des études puis des carrières scientifiques. Il est très vite apparu que la question du genre dès l’enfance et comment la société façonnait les esprits sur ce qui était « difficile » de faire pour une femme en était à l’origine.
Le syndrome de l’imposteur s’est alors imposé comme mon sujet : il est certes évident que certains gardent des préjugés sur la place des femmes, il est néanmoins certain qu’un nombre de jeunes filles ne se lancent pas dans des carrières scientifiques car elles n’ont pas confiance en leurs capacités et surtout on ne leur a jamais donné confiance en leurs capacités, ce qui fait que l’idée de faire des sciences ne leur est même pas venue à l’esprit. Ayant une mère scientifique qui elle-même a eu une mère scientifique, j’ai eu la chance d’avoir des modèles en grandissant et j’ai pu faire confiance à des professeures pour me guider tout au long de mes études. Je me suis rendue compte que ce n’était pas le cas pour une grande partie de la population et que dans toutes les classes sociales, il y avait des métiers « de femmes » : puéricultrice, sage-femme, responsable marketing, assistante de direction… Il me semblait donc important d’abord de casser cette image de « métier de femme ». Ensuite, il m’a également paru important de donner de l’intérêt à ces métiers, qui ont souvent mauvaise presse chez les jeunes car pour les « geeks », en particulier chez les filles, qui assument moins avoir de l’intérêt pour des activités scientifiques.
Enfin, pour traiter le cœur du sujet qui pour moi est le syndrome de l’imposteur, j’ai voulu pouvoir montrer différentes personnalités et attitudes à travers Adèle et Jade, avec leurs qualités et leurs défauts. Il était important d’en faire des femmes ordinaires pour pouvoir s’identifier à ces personnages et ne pas penser qu’il n’y a que des génies qui arrivent à mener de belles carrières. A travers les questions de la recruteuse, j’ai voulu montrer que l’on peut trouver des forces dans son parcours pour se donner confiance en soi et trouver sa légitimité.
Une fois convaincue de sa propre légitimité, il est plus facile de se lancer et de convaincre l’autre que l’on a tout à fait sa place dans le monde scientifique et technologique. Afin de faire rêver les jeunes et les motiver, le poste auquel lequel Adèle et Jade postulent est inspirant et donne envie d’évoluer dans ce monde. Il fait la différence est n’est pas un « bullshit job ».
L’histoire derrière le tournage
Dans la foulée et l’euphorie d’être allée jusqu’au bout sur le Nikon, je cherche un nouveau projet. Je me dis qu’il faut que je trouve le même format de concours avec une date limite sinon je ne me mettrais jamais au boulot.
Je scroll instagram, quand je tombe sur le concours « Phénoménales » porté par Femmes et Cinéma. C’est parfait, le sujet me parle : la place des femmes dans la science. Pour une ingénieure il n’y a pas mieux !
Malheureusement, l’inspiration ne vient pas, j’ai du mal à cerner le sujet…
Heureusement, je déniche une association, Pennyless Production, formée de jeunes diplômés de cursus cinéma qui cherchent à aider des novices à réaliser leurs courts métrages. Après un entretien Visio (covid oblige), ils sont emballés par mon projet et me proposent de m’aider. Mais le temps presse, je n’ai que quelques semaines avant la fin du concours.
Ils m’ont aidé en me demandant d’écrire une note d’intention, ce qui m’a mis sur les rails pour écrire le scénario. Grâce à eux, la page blanche se noircit.
Cette fois-ci, pas de plateforme pour trouver une équipe ou des acteurs. La production se « professionnalise » : on fait des castings d’actrices, on donne des noms à des rôles sur le tournage et on cherche des gens pour remplir ces rôles. On active tous nos réseaux pour trouver tout le monde.
Arrive le jour du tournage, cette fois-ci en intérieur et sur 2 jours. Là aussi, montée en organisation : j’ai un chef opérateur qui place ses lumières, qui me demande quel cadre, qui gère toute la technique de la caméra, j’ai un « vrai » assistant réalisateur qui note tout, qui organise et qui garde le temps et puis il y a tous les autres rôles qui permettent que les rouages soient bien huilés.
Le tournage est épuisant, on fait 8h-20h sur 2 jours de week-end, et je ne comprends toujours pas pourquoi toutes ces personnes sont là pour moi, de façon bénévole, sur leur week-end. Des petites tensions montent, liées à un manque de préparation par manque de temps en amont. Finalement, tout est dans la boîte, on part au montage.
Là aussi le dérushage se professionnalise avec une méthodologie bien particulière. Et oui, cette fois-ci je ne ferai que le montage, mais pas l’étalonnage ni le mixage, il faudra donc faire attention pour que je puisse donner un matériau exploitable aux suivants.
Le montage me donne du fil à retordre : je dois couper une scène que j’ai mis longtemps à écrire et qui me permettait de donner de la profondeur à mes personnages. Tant pis, le rythme est trop lent avec, c’est nécessaire. Lorsque je montre cette version à mes producteur, c’est unanime. Et oui, c’est aussi ça : l’écriture ne s’arrête pas au scénario.
Le film est finalisé, reste à le soumettre… Il n’est pas retenu dans le cadre du concours mais sortira sur Youtube quelques semaines plus tard sur la page de Pennyless Production.